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La fragilité

 

Il suffit parfois d’une remarque un peu sèche, d’un commentaire désobligeant ou du signalement d’une erreur pour que tout s’effondre.

Me voilà totalement désespérée, j’ai envie de fuir, de disparaître, je me sens tellement nulle. Plus jamais je ne donnerai mon opinion, plus jamais je ne proposerai quoi que ce soit ni ne me mettrai en avant. Je suis trop naïve et ignorante, je ferais mieux de me taire.

Personne ne m’aime, c’est normal, je suis trop nulle, et trop moche, et sans doute trop jeune ou trop vieille. Je vais rester dans mon coin, bien à l’écart, je ne veux plus jamais aimer pour ne pas revivre une telle souffrance et humiliation.

Quelle horreur, j’ai échoué, le monde entier va le savoir et se moquer de moi, ma vie est finie, je n’oserai plus jamais tenter quoi que ce soit. Tout le monde réussit sauf moi, je suis une vraie ratée.

J’ai très envie de partager un vécu ou un ressenti. Mais à quoi bon, d’autres l’ont déjà fait, et tellement mieux que moi. Je n’ai rien à apporter de plus à ma communauté. Je suis incapable et inutile.

 

Alors mes amis hypersensibles, ça vous est déjà arrivé de partir en vrille de cette façon ? D’avoir le mental qui turbine à cent à l’heure et qui vous propose toute les situations possibles et imaginables pour que vous vous sentiez la plus minable des créature au monde ?

En tant qu’hypersensibles, nous sommes capables d’éprouver des émotions dont l’ampleur est sans commune mesure avec l’importance du déclencheur.  Le moindre chagrin, la plus petite contrariété ou une critique anodine peuvent vite se transformer en drame dans notre tête,  et cela d’autant plus que nous avons à la base une forte tendance à l’autocritique et au manque de confiance en soi.

Rassurez-vous, il est possible de gérer cette tendance à tout dramatiser, ou au moins de l’atténuer.

 

 

La première chose qui peut aider est de pratiquer et de se confronter peu à peu à la situation qui pose problème. Une désensibilisation en quelque sorte.
Contrairement à beaucoup de personnes, je n’ai aucune difficulté à parler en public, par contre j’ai un gros problème avec mon image. Il m’a fallu quatre ans de Facebook pour mettre ma tête en photo de profil, alors imaginez faire une vidéo…. L’horreur absolue. Après bientôt deux ans, je ne vous dirai pas que j’aime me regarder, mais j’arrive à publier sans trop de stress quand j’ai envie de partager une réflexion. Je m’habitue.

Suite à mon passage à l’action, j’ai découvert avec surprise que les autres sont très bienveillants, contrairement à ce que je n’étais imaginée. Non, le monde n’est pas peuplé de monstres cruels et hargneux qui vont pointer mes moindres erreurs et imperfections. Et parfois il arrive même que mes auditeurs soient contents car je leur ai apporté une information dont ils avaient besoin.  J’ai encore de la peine à y croire mais il semble que cela soit vrai…

Ensuite, dans les moments de panique ou de désespoir, quand le mental part en roue libre, il existe quelques techniques qui vont nous permettre de calmer tout ça et de revenir dans le moment présent.

Nommez à haute voix les objets que vous voyez autour de vous. Si vous êtes en public, nommez-les dans votre tête.

Cherchez dans votre environnement une couleur qui vous plait et regardez-la. Les couleurs ont une vibration et agissent à un certain niveau sur nos émotions. Utilisées sous forme de lumière, elles peuvent même guérir le corps.

Si vous êtes en public, isolez-vous dans les toilettes ou dans une pièce à part et exprimez votre stress avec votre corps. Cela marche aussi bien avec la peur qu’avec la colère. Et quand vous en aurez l’occasion, allez crier ou casser du bois en forêt. Les émotions s’impriment dans le corps, et il faut les évacuer avec le corps.

Prenez l’habitude de noter dans un joli cahier vos réussites et les compliments qu’on vous a faits. Quand le saboteur tentera de vous persuader que vous êtes  des moins que rien, la relecture de ces succès viendra relativiser le drame qui se joue.

En tant qu’hypersensibles, vos relations avec les autres peuvent être parfois conflictuelles. Entourez-vous de personnes capables de vous comprendre et de vous aimer tels que vous êtes, et éloignez-vous des autres. Il est impossible de forcer l’amour et l’intérêt.

Soyez tolérants. Si vous comprenez instantanément ce qui se passe et intégrez chaque détail en un quart de seconde, ce n’est pas le cas des autres. Admettez que tout le monde n’a pas les mêmes capacités ni la même sensibilité.

Apprenez à connaître vos limites et vos points de rupture. Vous êtes plus fragiles que la majorité des gens, alors ne vous laissez pas embarquer dans des situations que vous savez à risque.

Dans les moments de bonheur, créez un petit geste qui deviendra votre point d’ancrage lors des situations de stress.

Enfin et surtout, apprenez à vous connaître. Sur certains points vous êtes plus performants, et sur d’autres vous êtes moins adaptés. Vous n’êtes ni mieux ni moins bien que les gens dits normaux, vous êtes juste différents. Laissez briller votre intelligence et votre sensibilité, et faites le nécessaire pour gérer le reste.

 

Sophie Mottier